Au IVè siècle, les chrétiens représentaient une minorité répartie très inégalement à travers l’Empire romain, essentiellement en Orient et en Afrique du Nord. L’empereur Constantin Ier était au départ un païen polythéiste qui honorait Sol Invictus, même s’il s’intéressait depuis longtemps au christianisme. Finalement Constantin finit par adopter le christianisme comme religion personnelle et fait du jour du soleil païen (dies solis), le dimanche, un jour de repos légal. Peu à peu avec Constantin Ier, ce qui s’impose dans toute l’Europe c’est une religion unique, un calendrier unique et une interdiction des autres cultures.
« Presque imperceptiblement, les coutumes païennes s’introduisirent dans l’Église ; la conversion nominale de l’empereur au début du IVe siècle causa de grandes réjouissances : le monde, couvert d’un manteau de justice, entra dans le christianisme de Rome. Alors, l’œuvre de la corruption fit de rapides progrès. Le paganisme paraissait vaincu, tandis qu’il était réellement vainqueur : son esprit dirigeait à présent l’Église romaine. Des populations entières qui, malgré leur abjuration, étaient païennes par leurs mœurs, goûts, préjugés et ignorance, passèrent sous les étendards chrétiens avec leur bagage de croyances et de pratiques superstitieuses. Le christianisme à Rome adopta et intégra une grande partie du système de l’ancien culte impérial ainsi que ses fêtes qui prirent toutes des couleurs plus ou moins chrétiennes. » – Arthur Beugnot
La religion a calqué son calendrier sur les croyances préchrétiennes. Jésus incarne le verbe et la lumière et ce n’est donc pas un hasard que la naissance du Christ tombe en période où la lumière est festoyée.
Il faudra attendre le 20e siècle pour voir réapparaitre nos racines spirituelles et culturelles.
Le mot « Noël » provient de « nouveau hélios », la naissance d’un nouveau soleil, le nouveau « heol » : heol qui signifie soleil en Breton. Alors que le terme Yule nous arrive du Nord scandinave. Yule est la célébration du milieu de l’hiver qui symbolise le retour de la lumière
Dans les traditions païennes, à partir du solstice, on comptait 12 nuits : chacune de ces nuits enfantait le mois correspondant de l’an à venir. Appelés « les vieux jours » ou la « vieille semaine » dans le druidisme, pendant ces 12 jours, on notait ce qui se passait à chacun de ces jours afin de prévoir ce qui allait se passer l’année qui suivait. Cette période de l’année était propice à l’inactivité et l’introspection.
Aujourd’hui, nous pouvons célébrer ce passage à la lumière et un retour à soi avec des simples rituels :
- Allumer des bougies, danser, chanter,
- Écrire sur un papier ce que vous souhaitez voir transformé pour ensuite le brûler dans le feu
- Se promener dans les bois et récolter des pommes de pin, des fruits pour faire un autel naturel que vous pouvez compléter avec de l’hydromel, une bûche naturelle, des branchages, du lierre, des chandelles comme symbole de lumière.
Dans tous les cas, le plus important c’est l’intention mise dans chaque objet. Vous pouvez bien entendu inviter vos ancêtres à se joindre au rituel. Vous pouvez aussi orienter votre rituel en suivant les 4 directions : l’est comme représentation de l’air, le nord portant la terre, le sud connecté au feu, l’ouest pour l’énergie de l’eau.
En cette période de l’année, les énergies telluriques sont au plus bas alors que les énergies cosmiques sont au plus haut. Ralentissez, laissez-vous porter par une introspection. Faites le bilan de cette année.
Comme la terre se nourrit des feuilles mortes tombées à l’automne, notre être se nourrit des expériences du passé. Remercions ces opportunités, transformons-les en ressource pour mieux nous impulser vers notre futur, vers une nouvelle année prospère.
Source :
Beugnot A. (1835), Histoire de la destruction du paganisme en Occident, vol. 2, p. 264-266.